Numérique responsable RSE

Notre retour d’expérience sur le calcul de notre empreinte carbone et l’élaboration de notre stratégie climat

by Carole Ramstein 24 février 2023

Kaliop s’est engagé il y a quelque temps dans la réalisation d’un Bilan Carbone©. Nous vous proposons dans cet article de vous partager notre expérience sur ce chantier clé dans une démarche environnementale.

Bilan Carbone© : qu’est-ce que c’est et pourquoi s’engager dans une telle démarche ?

Définition du Bilan Carbone©

Un Bilan Carbone© est une méthode qui permet de mesurer les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’une entreprise, d’un projet, d’une organisation, d’un territoire ou d’une activité. Il s’agit d’une évaluation quantitative des émissions de dioxyde de carbone (CO2) et des autres GES qui sont liées à cette activité.

Le Bilan Carbone© permet de connaître la quantité de GES émise et surtout de comprendre l’origine de ces émissions. Il peut ainsi être utilisé pour identifier les opportunités de réduction des émissions de GES et suivre les progrès accomplis dans ce domaine.

En France, le terme « Bilan Carbone© » désigne de manière plus précise une méthodologie de comptabilité carbone élaborée par l’Association Bilan Carbone compatible, avec la norme ISO 14064, et la règlementation Bilan GES que supervise l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). Les règles ainsi que le guide méthodologique et le guide des facteurs d’émission sont accessibles sur le site de l’ABC. Plus de 6 000 Bilan Carbone© ont été réalisés depuis sa création.

Les obligations légales du Bilan GES

Certaines entreprises et certaines organisations peuvent être tenues d’en réaliser un en vertu de réglementations spécifiques.

Ainsi, en France, les entreprises de plus de 500 salariés en métropole et 250 en outre-mer sont tenues de déclarer leurs émissions de gaz à effet de serre dans le cadre de la loi de transition énergétique pour la croissance verte. Ces entreprises doivent également publier un plan de réduction de leurs émissions de GES tous les quatre ans. L’article L 229-25 du code de l’environnement rend également obligatoire l’établissement d’un Bilan GES tous les trois ans pour les services de l’État ; les collectivités territoriales de plus de 50 000 habitants et les établissements publics et autres personnes morales de droit public de plus 250 agents.

Les raisons propres à Kaliop

Kaliop n’entre pas dans le cadre des obligations légales actuelles. Nous avons toutefois décidé de réaliser notre Bilan Carbone©. Cet investissement nous paraissait important afin de prendre du recul sur notre empreinte environnementale et d’avoir une meilleure compréhension de cette dernière, ce qui nous permettrait par la suite de mieux structurer notre politique environnementale (et au-delà notre politique RSE) et de concevoir un plan d’actions précis permettant de réduire notre impact. Cela nous permet aussi de donner de la visibilité à nos collaborateurs et autres parties prenantes, tout en sensibilisant équipes et sponsors sur les enjeux environnementaux et les efforts attendus.

Comment se passe un Bilan Carbone© (ou un Bilan GES) ?

Les 6 étapes du Bilan Carbone©

L’ADEME définit six étapes clés à suivre pour la réalisation d’un Bilan Carbone© : préparer, collecter, calculer, présenter, planifier, et diffuser.

6 étapes du bilan carbone

Copyright ADEME

Préparer son Bilan Carbone© et/ou son Bilan GES : savoir se faire aider

Lors de la préparation du Bilan Carbone©, nous avons choisi de mettre en place une équipe interne de suivi de projets : un sponsor au niveau de la direction et un chef de projet en charge de faire avancer le dossier avec les différents interlocuteurs internes et externes, soutenu par deux référents.

Mais nous avons également sollicité une entreprise externe pour nous accompagner dans notre démarche. Nous avons sélectionné Mobeetip, une structure spécialisée depuis 15 ans sur les enjeux Energie/Climat. Nous avons ainsi pu bénéficier des conseils d’un consultant expert dans le domaine, ainsi que de leur plateforme SaaS Climatip, facilitant le calcul des émissions carbones.

Avec le recul, se faire aider dans le cadre d’un Bilan Carbone©, quand on n’a pas de collaborateur formé sur le sujet, nous semble indispensable. La méthodologie mise à disposition gratuitement par l’ADEME est certes bien documentée mais l’exercice est minutieux et il est facile de se tromper.

A noter qu’il existe des aides financières qui permettent de rendre abordables un accompagnement externe pour les plus petites structures. C’est le cas de la subvention “tremplin PME” mise en place par l’ADEME.

Collecter les données

Cette étape a été pour nous la plus longue. C’est pourtant le point clé de la démarche : sans données qualitatives, pas de Bilan Carbone© possible.

Pour réaliser un Bilan Carbone©, il est nécessaire de déterminer le « scope » des émissions de GES à inclure dans le bilan. Il existe trois scopes principaux :
● Scope 1 : les émissions de GES directes de l’entreprise. Ces émissions sont directement liées aux activités de l’entreprise et sont produites par des sources contrôlées par l’entreprise elle-même. Par exemple, les émissions de GES liées à la consommation d’énergie, aux émissions de fuites de gaz, etc.
● Scope 2 : les émissions de GES indirectes de l’entreprise. Ces émissions sont liées à l’utilisation de l’énergie produite par d’autres sources, mais qui est utilisée par l’entreprise. Par exemple, les émissions de GES liées à la consommation d’électricité, de gaz ou de chaleur produite par des tiers.
● Scope 3 : les autres émissions de GES indirectes de l’entreprise. Ces émissions sont liées aux activités de l’entreprise, mais ne sont pas directement contrôlées par celle-ci. Par exemple, les émissions de GES liées aux déplacements des employés, aux émissions liées aux produits et services de l’entreprise, etc.

Nous avons décidé d’inclure les 3 scopes dans notre démarche.

La collecte a nécessité de solliciter plusieurs services en interne : en premier lieu le service comptable, mais aussi office management, infrastructure informatique ou encore ressources humaines. Toutes les données quantitatives concrètes qui peuvent être remontées le sont, sinon on se rabat sur une équivalence via les flux financiers. Par exemple, si vous avez le nombre de feuilles de papier consommées dans l’année tant mieux, mais si ce n’est pas le cas, vous pourrez utiliser la somme dépensée en frais de fourniture, même si cela est moins précis.

Calculer les émissions à partir des données

C’est là que l’aide de l’expert qui nous accompagnait a été précieuse car c’est une étape très technique qui se base notamment sur le guide des facteurs d’émission de l’ADEME.

A la fin vous obtiendrez, un bilan détaillé permettant d’associer les émissions par site, par équipe, par activité, par type d’émission (ex : intrant, énergie, déplacement, etc.), par poste d’émission plus précis (ex : consommation d’électricité, déchet papier, déplacement professionnel en avion, etc.).

On associe à chaque poste les incertitudes associées.

Présenter et diffuser les résultats

Chez Kaliop, nous avons sensibilisé les équipes dès le lancement du projet avec une sensibilisation aux enjeux climatiques faite par Mobeetip. Les résultats ont été présentés lors de notre convention annuelle à l’ensemble des collaborateurs et un atelier dédié a été proposé pour ceux qui voulaient aller plus loin. Nous avons également réalisé des fresques du climat, des ateliers participatifs permettant de mieux comprendre les enjeux climatiques.

Fresque du climat

Bilan Carbone© et numérique : quelles spécificités ?

Kaliop est une société de services. Nous n’avons pas d’usines, peu d’achat de matériel. Notre consommation en énergie pour réaliser les services en question est limitée également car nous n’avons pas d’autres machines à faire tourner que notre parc informatique.

Nos transports sont également limités : nous travaillons déjà beaucoup en télétravail et à distance avec nos clients et nous n’avons pas à proprement parler de circuit de livraison car tout est dématérialisé.

Notre scope 1 (les émissions directes) est donc limité. Par contre, il n’en est pas forcément de même pour notre scope 2 et 3. Les produits numériques que nous concevons pour nos clients peuvent avoir un impact important. On sait en effet que le numérique (matériel, réseaux et data centers) représente près de 5% des émissions de gaz à effet de serre.

Malheureusement, cet impact est encore difficile à calculer. Nous avons donc mis en place un modèle pour créer des projections des émissions carbones de nos produits digitaux. C’est une première version encore largement perfectible, que nous tenterons d’améliorer pour le prochain Bilan Carbone©.

Le résultat de notre Bilan Carbone©

Kaliop a émis en un an environ 3 000 tonnes de carbone.

Sans surprise, ce sont les scopes 2 et 3, c’est-à-dire l’utilisation des produits numériques (en particulier l’énergie dépensée par l’utilisation des devices et des serveurs) qui représentent la très grande majorité des émissions (93%).

émissions par intrants

Le scope 1 (émissions directes) représente moins de 10% des émissions, réparties de la manière suivante :

scope 1

L’importance de l’écoconception pour limiter les émissions de Kaliop est clairement lisible dans les résultats de ce bilan.

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Comment intégrer l’éco-conception à son produit digital ?

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Ce que j’ai retenu de notre expérience Bilan Carbone©

Outre les résultats qui ont été obtenus et ont mis en avant les enjeux en éco-conception pour nous, j’ai retenu plusieurs choses de cette expérience :

Un Bilan Carbone© ne permet pas d’avoir une vision précise.

Contrairement à un bilan financier, un Bilan Carbone© comprend toujours une dimension liée à l’incertitude, sur les données collectées et les facteurs d’émissions utilisés. On ne peut malheureusement pas compter chaque molécule de carbone émise. Mais ce qui compte, c’est d’être conscient de cette incertitude et de la réduire au fur et à mesure des bilans. A l’heure actuelle, notre niveau d’incertitude moyen est à 12%, mais elle varie de 1 à 43% suivant les postes d’émissions.

On peut difficilement se comparer.

Un de mes premiers réflexes face aux résultats du bilan a été de savoir si c’était de bons ou mauvais résultats, à vouloir me comparer aux autres. Mais aucune entreprise ne se ressemble et les méthodologies employées / scopes choisis ne sont pas toujours les mêmes. Il vaut mieux comparer sa propre évolution et essayer de s’améliorer, plutôt que d’essayer d’être le “meilleur” de manière artificielle.

C’est un chantier fédérateur.

Ne serait-ce que pour la collecte des données, le Bilan Carbone© implique de nombreux collaborateurs de plusieurs services clés. Il permet également de sensibiliser la direction sur les enjeux climatiques et environnementaux et ainsi de faire remonter la priorité du plan d’actions écologique par rapport au reste des enjeux de l’entreprise. Pour construire ce dernier, nous avons par ailleurs proposé à tous les collaborateurs de participer, en proposant leurs idées lors des interventions du groupe “ekolo”, notre groupe de travail sur l’écologie.

Un Bilan Carbone© en soi ne sert pas à grand-chose s’il n’est pas suivi d’une politique globale.

Le Bilan Carbone© est comme son nom l’indique un bilan à un instant T. Il n’est pas suffisant pour changer quoi que ce soit, et compte tenu du temps et de l’énergie dépensés pour finaliser son premier Bilan Carbone©, il peut être tentant de s’arrêter là alors que ça n’est que la première étape. Le Bilan Carbone© est toutefois un très bon moyen de structurer sa démarche et d’aller plus loin. Il servira aussi à visualiser les résultats du plan d’actions, année après année.

Comment va se passer la suite ?

A la suite du Bilan Carbone©, nous avons décidé d’entamer une démarche ACT pas à pas. ACT (pour Assessing low Carbon Transition®) a été mise en place par l’ADEME en partenariat avec l’ONG CDP lors de la COP21. Elle a pour objectif d’offrir aux entreprises une méthode en deux temps pour :
● Développer sa stratégie (faire un diagnostic, élaborer sa stratégie et ses objectifs, mettre en plan d’action et des mesures concrètes, en faire le suivi) ;
● Évaluer sa stratégie au regard de l’objectif d’atténuation de l’Accord de Paris. (selon des critères de performance, cohérence et tendance).

Il implique également de se former en interne et ainsi d’améliorer nos compétences en interne dans le domaine.

La démarche ACT va ainsi nous permettre de mettre en place des chantiers d’amélioration, à court, moyen et long terme. Ces chantiers s’intégreront dans une démarche RSE plus globale.

Enfin et surtout, nous allons muscler notre démarche en numérique responsable. Car s’il y a une chose qu’une entreprise de notre secteur peut retenir d’un Bilan Carbone©, c’est l’importance de l’éco-conception.

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Carole Ramstein

Carole Ramstein

VP Marketing

Curieuse et touche à tout, Carole a navigué dans les océans du jeu vidéo, du multicanal et de l'édition, avant de poser ses valises chez Kaliop où elle est aujourd'hui VP marketing groupe.

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