Comment construire efficacement votre roadmap digitale ?
30 juin 2025
Avant de se lancer dans un projet digital, il y a plusieurs questions à adresser. Comment aligner vos équipes, vos priorités et vos investissements autour d’une même vision digitale ? Comment structurer vos chantiers numériques pour qu’ils répondent réellement aux enjeux business ? Quel périmètre fonctionnel prioriser pour lancer un MVP (Minimum Viable Product) pertinent ? Quelles compétences mobiliser ? Faut-il faire évoluer votre plateforme actuelle ou en concevoir une nouvelle ? Avec quel budget et quel planning ? La feuille de route ou digital roadmap est l’outil indispensable pour garantir la réussite d’un projet numérique, donner du rythme aux projets digitaux et accélérer la création de valeur. Décryptage.
Aligner vision, priorités et actions : le rôle central de la digital roadmap
Qu’est-ce qu’une digital roadmap ?
La digital roadmap est un outil structurant. Elle permet d’aligner l’ensemble des acteurs impliqués dans le développement d’un produit numérique (direction, produit, IT, design, marketing…) autour de la vision stratégique de l’entreprise et de la traduire en une trajectoire. Cette vision partagée est ensuite déclinée en un plan d’action activable, priorisé et techniquement réaliste.
Plus qu’une simple liste de projets et d’initiatives, la roadmap permet de :
- Définir une trajectoire claire. Elle formalise les objectifs numériques à atteindre (nouvelle plateforme e-commerce, refonte technique, industrialisation des parcours clients, rationalisation de la stack…) et précise les actions à mener.
- Structurer les priorités. Elle permet de séquencer les chantiers selon leur valeur business, leur faisabilité technique et les contraintes organisationnelles.
- Mobiliser les compétences clés dès le départ. Elle favorise la collaboration entre les métiers, les équipes techniques et les partenaires, afin d’éviter les silos et de fluidifier les décisions.
- Planifier la montée en charge. Elle identifie les ressources, compétences et outils nécessaires à chaque phase des projets digitaux.
- Donner un cadre de pilotage. Elle offre une vue globale pour suivre les avancées, ajuster en continu les travaux et sécuriser la cohérence avec les objectifs initiaux.
La digital roadmap est utile à plusieurs niveaux. Elle permet de fixer une vision claire des priorités numériques de l’entreprise à moyen et long terme. Sans cet alignement préalable, les équipes peuvent multiplier les initiatives sans coordination : les projets se chevauchent, les ressources sont mal réparties, et certaines actions se révèlent redondantes ou hors périmètre. Résultat, les efforts sont dispersés et les objectifs business ne sont pas atteints.
La digital roadmap ne se limite pas à fournir un référentiel commun aux différentes parties prenantes. Elle joue un rôle clé dans la mobilisation collective dès la phase de cadrage. En structurant les échanges et les décisions, elle permet de rassembler les expertises métiers, techniques et opérationnelles autour de la table, d’identifier les dépendances, et d’aligner les priorités. Plus cet alignement intervient tôt, plus les projets gagnent en efficacité, en fluidité, en capacité d’exécution et en vélocité.
Un outil au service des directions produit, IT et métiers
La digital roadmap est avant tout un outil de pilotage pour les équipes projet et produit, au cœur de la mise en œuvre opérationnelle. Elle leur permet de planifier les développements, prioriser les fonctionnalités à lancer et structurer les livraisons dans le temps.
Elle est également utilisée par les chefs de projet, qui s’en servent comme base pour construire les plannings détaillés, coordonner les parties prenantes, répartir les responsabilités et suivre l’avancement.
Du côté des équipes marketing et communication, la roadmap sert à caler les campagnes digitales (site web, emailing, réseaux sociaux, acquisition…) sur les chantiers structurants, pour garantir la cohérence des actions et leur impact.
Enfin, la direction générale s’appuie sur cette feuille de route pour piloter les grands axes de transformation numérique, s’assurer que les initiatives menées sont alignées avec les priorités business, et arbitrer les investissements en connaissance de cause.
Notez, cependant, qu’au-delà de ces usages spécifiques, la digital roadmap aligne toutes les parties prenantes autour d’une vision partagée et d’un objectif commun, tout en assurant une coordination fine des actions dans le temps.
Pourquoi le calendrier de lancement conditionne la réussite des projets digitaux ?
Le calendrier de lancement permet de cadencer les travaux, d’anticiper les interdépendances et de garantir une préparation alignée entre les équipes.
En séquençant les grandes étapes du projet (tests, validations, communication interne, go live), il donne de la visibilité, réduit les risques de friction, et permet à chaque équipe (technique, produit, marketing, support…) de se positionner au bon moment.
Ce cadrage temporel est aussi un outil d’arbitrage. Il aide à hiérarchiser les priorités en fonction de la valeur attendue, des capacités disponibles et des contraintes externes (saisonnalité, campagne commerciale, enjeux réglementaires…). Il contribue ainsi à sécuriser la mise en œuvre de la roadmap tout en gardant la flexibilité nécessaire pour ajuster en cours de route.
Autre point fort, il permet de coordonner toutes les parties prenantes. Le lancement d’un projet digital implique souvent plusieurs équipes. Le calendrier de lancement sert à synchroniser leurs actions et garantit que chacun sait quoi faire et quand.
La méthode du double diamant
Kaliop s’appuie sur les principes du design thinking pour construire des roadmaps digitales à la fois centrées utilisateur, techniquement réalistes et activables rapidement.
Le design thinking est une approche d’innovation qui repose sur la compréhension fine des besoins des utilisateurs, l’exploration de solutions multiples, le prototypage rapide et les itérations courtes.
L’un des cadres méthodologiques qui en découle est le double diamant, formalisé par le Design Council britannique. Il structure la réflexion en deux grandes phases, chacune articulée autour de deux mouvements : ouvrir (divergence), puis resserrer (convergence).
Cette méthode s’applique aussi bien au cadrage stratégique qu’à la conception de solutions. Elle permet d’ancrer la roadmap dans une réalité terrain, en évitant les angles morts liés aux biais internes ou aux solutions présupposées.
Premier diamant : définir le problème
Le premier diamant vise à explorer le contexte du projet avant de formuler une solution. Il suit une logique d’ouverture puis de recentrage, selon deux étapes successives : découverte (divergence) et définition (convergence).
- Découverte (élargir le champ). L’objectif est ici de collecter un maximum d’informations sur l’environnement du problème, sans présumer de la solution à apporter. On mène des recherches qualitatives et quantitatives (entretiens utilisateurs, audits, études de marché, observations terrain…) pour comprendre les attentes, les irritants, les usages réels.
Il s’agit d’ouvrir les perspectives pour éviter les biais internes et les solutions prématurées. - Définition (resserrer la focale). Une fois les données récoltées, on entre dans une phase d’analyse et de structuration. L’enjeu est de synthétiser les apprentissages pour formuler une problématique claire, priorisée et partagée par l’ensemble des parties prenantes. Cette étape permet d’ancrer le cadrage sur un besoin réel, et non sur une intuition ou une demande métier formulée trop rapidement.
Ce premier diamant permet donc d’élargir le champ de réflexion pour mieux formuler le problème à résoudre. C’est une condition essentielle pour bâtir une roadmap digitale solide, fondée sur un besoin réel et partagé.
Second diamant : délivrer une solution
Une fois le bon problème identifié et formulé, le second diamant vise à concevoir la réponse la plus pertinente. Il suit la même logique d’élargissement puis de resserrement, avec deux étapes : idéation et prototypage (divergence), puis sélection et déploiement (convergence).
- Développement (ouvrir le champ des solutions). Cette phase consiste à explorer un éventail de réponses possibles au problème défini. On génère un maximum d’idées, sans chercher à les juger immédiatement. Des ateliers de co-conception, des séances d’idéation ou des benchmarks permettent d’élaborer plusieurs pistes. Ces hypothèses sont rapidement transformées en prototypes, maquettes ou démonstrateurs, pour être testées dans des conditions réelles ou simulées.
- Livraison (resserrer et activer). Sur la base des retours utilisateurs, des contraintes techniques et des objectifs business, on sélectionne la solution la plus viable. Celle qui apporte le plus de valeur, dans un délai réaliste.
Cette étape permet de formaliser le périmètre fonctionnel, planifier le MVP (Minimum Viable Product) et engager les premiers développements. L’enjeu est de passer de l’expérimentation à l’exécution, tout en conservant la capacité d’ajuster en continu.
Le second diamant, finalement, garantit que la solution choisie n’est pas uniquement désirable ou innovante, mais également réaliste à mettre en œuvre. Il permet de réduire les incertitudes en amont, et donc de construire une roadmap alignée, priorisée et immédiatement activable.
Mode opératoire : les 7 étapes pour créer votre digital roadmap
1. Analyser l’existant pour connaître les besoins et les orientations possibles
La première étape consiste à réaliser un état des lieux structuré du périmètre concerné par la digital roadmap, qu’il s’agisse d’un produit numérique, d’un écosystème applicatif ou d’une plateforme métier.
Il s’agit d’analyser :
- les outils et technologies actuellement en place ;
- les parcours utilisateurs et l’expérience délivrée ;
- les canaux digitaux activés et leurs performances ;
- l’organisation des équipes impliquées (produit, IT, marketing, support, etc.).
Cette analyse permet d’identifier les forces sur lesquelles s’appuyer, mais aussi les faiblesses ou les opportunités d’amélioration.
Dès cette phase, impliquez les parties prenantes clés : sponsor projet, directions métier concernées, responsables techniques, référents produit ou data.
Cette implication permet de poser un cadrage partagé dès le départ, d’aligner les priorités métier et techniques, et d’assurer un engagement durable des décideurs dans les étapes suivantes. Cela facilite également l’identification des contraintes opérationnelles et des dépendances.
2. Fixer des objectifs clairs
Après avoir analysé l’existant, il faut définir des objectifs précis pour structurer la roadmap. Ces objectifs doivent être directement issus du diagnostic mené, alignés avec la stratégie d’entreprise ou de la direction métier concernée, et suffisamment concrets pour orienter les arbitrages futurs. Ils peuvent porter sur :
- l’amélioration de l’expérience utilisateur ;
- la génération de revenus via de nouveaux canaux digitaux ;
- la modernisation de l’architecture technique ou des outils internes ;
- ou encore l’optimisation des processus métier.
Il est recommandé de se limiter à 3 à 5 objectifs prioritaires, pour garder une feuille de route lisible et actionnable. Ces objectifs doivent être formulés à un niveau macro (stratégique ou produit), mais suffisamment opérationnels pour servir de base à la planification et au suivi.
Pour garantir l’efficacité de la roadmap, il est recommandé d’adopter une approche SMART, soit des objectifs Spécifiques, Mesurables, Atteignables, Réalistes, définis dans le Temps.
En complément, cette phase doit intégrer une première estimation du budget, des ressources et du calendrier nécessaires à la mise en œuvre. L’enjeu est de s’assurer que les ambitions fixées sont réalistes au regard des moyens disponibles, et de pouvoir ajuster les priorités dès le départ pour éviter les révisions majeures en cours de projet.
3. Définir des KPI pertinents et mesurables
Une fois les objectifs définis, il est nécessaire d’y associer des indicateurs de performance (KPI) concrets, pour en suivre l’avancement et en mesurer l’impact. Ces KPI doivent être choisis en lien direct avec les enjeux business ou opérationnels visés.
Ces indicateurs doivent être choisis en fonction des priorités stratégiques :
- taux de conversion pour une refonte de site e-commerce ;
- nombre de visiteurs pour un site vitrine ou institutionnel ;
- taux d’engagement pour une stratégie de réseaux sociaux ;
- nombre de leads générés pour une campagne digitale ;
- temps de réponse client pour un projet CRM ;
- etc.
Formaliser ces indicateurs dès la phase de cadrage permet de structurer la roadmap autour de résultats observables, et de faciliter le pilotage continu du projet comme l’arbitrage des priorités.
4. Améliorer la connaissance du client
Avant de concevoir de nouveaux parcours ou d’initier des chantiers fonctionnels, pensez à ancrer la roadmap dans une compréhension fine des utilisateurs finaux : leurs usages, leurs attentes, leurs irritants et leurs leviers d’engagement.
Cette connaissance ne peut se limiter à des critères socio-démographiques. Elle doit s’appuyer sur des données qualitatives et comportementales issues de plusieurs sources :
- enquêtes de satisfaction ou de perception ;
- analyses de navigation et données analytics (taux de rebond, tunnels de conversion, temps passé…) ;
- interviews utilisateurs ou tests de parcours ;
- cartographies de parcours (customer journey maps), études de personas, etc.
L’objectif est d’identifier les écarts entre l’expérience perçue et l’expérience réellement vécue, et d’en tirer des enseignements concrets pour prioriser les évolutions à fort impact.
En intégrant cette analyse dans la roadmap, l’organisation s’assure de centrer ses projets sur des attentes utilisateurs validées, tout en maximisant les effets en matière de satisfaction, d’adoption et de fidélisation.
5. Auditer les parcours existants
Une fois la connaissance client approfondie, il est possible d’analyser les parcours actuels au sein du périmètre concerné (plateforme, service, application, outil interne…).
Cette étape permet de comprendre de manière détaillée comment les utilisateurs interagissent aujourd’hui avec les interfaces et les processus digitaux existants, quels que soient leur profil (client externe, collaborateur interne, partenaire, etc.).
L’objectif est double :
- Détecter les points de friction qui freinent l’expérience utilisateur.
- Repérer les points forts sur lesquels capitaliser (fonctionnalités performantes, usages fluides, éléments différenciants).
Cet état des lieux détaillé des parcours existants sert de base pour identifier les priorités d’amélioration et construire des parcours futurs plus fluides, cohérents et performants dans la roadmap digitale.
6. Modéliser les profils types et les parcours utilisateurs
Une fois les parcours existants audités, il est utile de modéliser les profils types des utilisateurs (ou personas) pour structurer la réflexion produit. Cette étape s’inscrit dans la phase de product discovery, qui précède la construction de la roadmap à proprement parler.
Les personas représentent des utilisateurs fictifs mais ancrés dans des données réelles : comportements, attentes, freins, usages. Ils permettent de synthétiser les différents segments adressés par le produit, qu’il s’agisse de clients externes, d’utilisateurs internes ou de partenaires.
À partir de ces profils, on peut commencer à esquisser des parcours utilisateurs cibles, illustrant comment chaque typologie interagit avec le produit ou le service : quelles fonctionnalités mobiliser, quels irritants à éviter, quelles opportunités de simplification ou de différenciation explorer.
Cette modélisation ne constitue pas directement une étape de la roadmap, mais elle alimente les arbitrages fonctionnels, UX ou techniques à prioriser. Elle permet de s’assurer que la feuille de route ne repose pas uniquement sur des intuitions, mais bien sur une connaissance structurée des usages réels.
7. Prioriser les actions selon les objectifs
Une fois les parcours utilisateurs modélisés et les besoins bien identifiés, il est temps de prioriser les actions à mener. La digital roadmap ne peut pas tout traiter en même temps. Il est donc préférable de définir un ordre de priorité pour chaque projet, en fonction des objectifs fixés et des ressources disponibles.
La priorisation doit s’appuyer sur plusieurs critères :
- l’impact sur les objectifs stratégiques (augmenter le chiffre d’affaires, améliorer la satisfaction client) ;
- l’urgence (par exemple combler un point de friction majeur rapidement) ;
- la faisabilité technique et humaine ;
- le retour sur investissement attendu.
Notez, cependant, que la roadmap ne doit pas être figée. Elle doit prévoir des points de contrôle réguliers pour évaluer l’avancement des projets, mesurer les résultats obtenus par rapport aux KPI définis, et ajuster si nécessaire en fonction des retours utilisateurs ou de l’évolution du marché.
En procédant ainsi, l’entreprise peut avancer de manière structurée, tout en gardant la flexibilité nécessaire pour adapter sa feuille de route aux réalités du terrain.
Kaliop, accompagne les entreprises dans la définition de leur digital roadmap. En quelques semaines, nous vous aidons à construire un plan d’action clair, réaliste et activable immédiatement, avec un seul objectif : accélérer la création de valeur. Pour en savoir plus sur notre approche, contactez nous.

Directrice de projets Agile