Cloud & DevOps

FinOps : maîtriser vos coûts cloud sans sacrifier la performance

by Grégoire Bluzat 2 décembre 2025

« C’était censé coûter moins cher. » Cette phrase résonne et revient souvent, en filigrane, chez les décideurs IT. Tous ont cru, légitimement, que le cloud apporterait souplesse, vélocité et économies. Ils n’avaient pas tort. Sur le papier, tout y est : paiement à l’usage, scalabilité, automatisation. Mais la réalité est plus nuancée. Les ressources s’empilent, les projets s’accélèrent, les pratiques divergent. La facture suit.

Le problème n’est pas le cloud. Il réside dans son usage, son pilotage. C’est là que le FinOps entre en scène. Initiée par la FinOps Foundation, cette discipline maximise la valeur business du cloud. Elle ne réduit pas seulement les coûts. Elle les rend lisibles, gouvernables et alignés sur les priorités de l’organisation. Le vrai sujet n’est pas combien on dépense, c’est pourquoi on dépense. Un service coûte-t-il cher à cause d’une mauvaise configuration ? Ou parce qu’il est devenu critique pour le business ?

Le FinOps n’est pas une baguette magique. C’est une démarche continue qui rassemble enfin les équipes IT, Finance et Métier. L’objectif commun : tirer le meilleur du cloud, sans en perdre le contrôle.
Alors, comment s’y prendre ? Par où commencer ? C’est ce que nous allons explorer. Le FinOps est une nécessité pour reprendre la main sur votre cloud.

Que signifie le terme “Finops” ?

Le terme « FinOps » est la contraction de « Finance » et « DevOps« . C’est bien plus qu’un rapprochement sémantique. Le FinOps désigne une démarche opérationnelle qui permet aux organisations de piloter leurs dépenses cloud au plus juste, en les ancrant dans la réalité du terrain.

Il s’agit d’un arbitrage continu qui concilie performance technique, usages réels et budget disponible. En clair : dépenser au bon endroit, au bon moment, pour les bonnes raisons.

Trois piliers structurent cette approche :

  • La visibilité : disposer d’une lecture claire, partagée et en temps réel des consommations.
  • La responsabilisation : chaque équipe (technique, produit ou métier) est actrice de la gestion de ses ressources.
  • L’optimisation continue : ajuster les configurations, automatiser les extinctions, revoir les modèles d’engagements.

Bien déployé, le FinOps aligne la vision financière de l’entreprise avec la dynamique d’innovation des équipes. Il ne freine pas, il canalise intelligemment la puissance du cloud.

Pourquoi le FinOps devient incontournable ?

Le cloud a changé la donne. On paie pour ce qu’on consomme, pas pour ce qu’on prévoit. Cette souplesse est précieuse, mais sans gouvernance claire, la dérive est presque certaine. Une migration cloud mal encadrée peut coûter plus cher qu’une infrastructure on-premise bien amortie.

Dans de nombreuses organisations, la répartition des rôles complique le pilotage. Les équipes IT provisionnent, les métiers consomment, la finance constate, souvent avec un trimestre de décalage. Le FinOps devient alors une compétence structurante pour éviter que les mauvaises habitudes ne deviennent la norme.

Les cas concrets sont légion :

  • Un cluster de préproduction laissé actif toute la nuit pour « gagner du temps le matin ».
  • Des instances surdimensionnées utilisées à 15 % de leurs capacités.
  • Des services managés activés à titre exploratoire, jamais désactivés car sortis du radar opérationnel.

Aucun de ces scénarios n’est critique isolément. Mais cumulés, ils pèsent lourd.

Quelles sont les 5 étapes clés d’une démarche FinOps ?

Adopter une démarche FinOps ne suppose pas une transformation radicale, mais une méthode rigoureuse.

1. Auditer l’existant : éclairer avant d’agir

Avant d’optimiser, il faut comprendre. L’audit initial consiste à collecter les données de consommation sur tous les environnements. Cet état des lieux révèle rapidement les angles morts : ressources surdimensionnées, instances inactives, stockages dormants.

Pour que cet audit soit efficace, une pratique est cruciale : le tagging systématique des ressources (environnement, équipe, projet…). Un coût non attribué est un coût que personne ne pilote. En généralisant des politiques de tag obligatoires dès la création de ressources (via Terraform, Helm, etc.), vous redonnez de la lisibilité et de la responsabilité.

2. Structurer une équipe FinOps : des profils hybrides

Une démarche FinOps ne repose pas sur un acteur unique. Elle nécessite une équipe, dédiée ou transverse, combinant plusieurs profils : ingénieurs cloud, architectes, financiers et profils métier. Leur rôle commun n’est pas d’être une tour de contrôle, mais une cellule d’animation au service des projets.

3. Définir des KPIs : piloter par la valeur

Ce qui ne se mesure pas ne se pilote pas. Définissez des indicateurs lisibles, actionnables et partagés :

  • Le coût par produit ou par client : rapproche les dépenses techniques de la valeur métier.
  • Le taux d’utilisation des ressources : identifie les marges de manœuvre.
  • La part des coûts optimisés par rapport au coût brut : mesure l’impact réel de la démarche.

Note conseil : Mesurer la valeur, pas seulement la dépense.

Une facture agrégée dit peu de choses. Des métriques unitaires en disent davantage : coût d’un build, d’une commande, de mille requêtes. Ces mesures offrent un langage commun qui relie architecture, performance et objectifs métier, permettant de décider autrement qu’à l’intuition.

4. Instaurer des rituels de revue : rythmer les décisions

Créez des temps réguliers (hebdomadaires ou mensuels) pour analyser les KPIs et les transformer en actions. Faut-il réduire une capacité ? Reconfigurer un service ? C’est dans ces rituels que se forgent les bons réflexes. Un exemple concret est l’automatisation de l’extinction des environnements non critiques (test, staging) la nuit et les week-ends, réduisant leur facture de 20 à 40 % dès la première semaine.

5. Optimiser l’usage et négocier avec les fournisseurs

  • Choisir les bons types d’instances : Les clouds proposent une variété d’instances (à la demande, réservées, spot…). Revoir les types d’instances par défaut n’est pas de la micro-optimisation, c’est un levier de réduction de 30 % à 60 % dans certains cas. Le bon réflexe : dimensionner au plus près de l’usage observé et laisser l’autoscaling absorber la variabilité.
  • Utiliser les Les Savings Plans : Les saings plans et instances réservées sont utiles, mais ce sont des instruments financiers, pas des leviers techniques. Une couverture graduée, réévaluée périodiquement (par exemple, sur une partie de la charge stable), protège mieux qu’une recherche de remise maximale qui finit par dicter l’architecture.
  • Gérer le stockage efficacement : Le stockage pèse souvent sans faire de bruit. Mettez en place des politiques de cycle de vie pour déplacer les données rarement lues vers des classes moins coûteuses. Supprimez les volumes et snapshots non attachés.
  • Négocier avec les fournisseurs : La relation avec les fournisseurs est un levier stratégique. Pour une négociation efficace, appuyez vous sur des métriques solides : historique de consommation, prévisions d’usage.

Quels outils pour soutenir une démarche FinOps ?

Le choix des outils dépend de votre maturité et de la complexité de vos environnements.

  • Outils natifs des fournisseurs cloud : un bon point de départ.
    • AWS Cost Explorer : visualisation des tendances et rapports personnalisés.
    • Azure Cost Management : suivi budgétaire avancé et recommandations.
    • Google Cloud Billing Reports : vue détaillée et export vers BigQuery.
  • Solutions spécialisées : pour une vision multi-cloud et des analyses avancées.
    • Apptio Cloudability : vision centralisée, analyses prédictives.
    • nOps : détection automatisée de dérives intégrée au cycle DevOps.
  • L’approche sur-mesure : pour une agilité maximale, certaines organisations construisent leurs propres dashboards (via BigQuery, Grafana, Metabase) en collectant les données via API.

Notre conseil : les outils suivent la gouvernance.

L’efficacité vient moins de l’outil que de la qualité de l’attribution et de l’usage qu’en font les équipes. Un outil ne remplace pas la conversation qu’il est censé provoquer. Un socle minimal (budgets par périmètre, alertes d’anomalies, politique de tagging appliquée) produit souvent plus de progrès qu’une usine à tableaux de bord.

Exemple de démarche FinOps : optimiser les coûts du cloud pour Plecto

Les équipes de Kaliop on récemment aider Plecto, scale-up européenne experte dans l’engagement des équipes, à réduire de 50% les coûts de  son infrastructure cloud. Plecto a choisi de migrer d’AWS vers Scaleway afin de s’orienter vers un cloud européen, avec une architecture modernisée, observable et optimisée.

Découvrez la méthodologie FinOps appliquée pour Plecto.

Les limites du FinOps : lucidité et vigilance

Le FinOps est une méthode précieuse, mais ce n’est pas une solution miracle.

  • Il ne remplace pas une architecture bien pensée : aucune optimisation ne suffira à compenser une infrastructure mal conçue à la base.
  • L’optimisation a ses limites : au-delà d’un certain point, l’effort consacré à gagner quelques pourcents coûte plus cher que l’économie produite.
  • Le retour sur investissement est progressif : c’est une pratique à inscrire dans la durée. La véritable valeur se construit dans la répétition et la rigueur.
  • Il faut préserver l’autonomie des équipes : le FinOps est un cadre pour responsabiliser, pas une machine à contrôler. À trop vouloir suivre chaque euro, on peut brider l’innovation.

Le FinOps, une compétence clé à intégrer dès aujourd’hui.

Le FinOps n’est ni une mode, ni une solution déployée en un clic. C’est une méthode de travail structurée et durable qui transforme la relation au cloud. Il responsabilise les équipes, crée une culture partagée et donne aux décideurs les moyens de sécuriser leurs investissements technologiques sans freiner l’innovation.

Pour les CTO, responsables infrastructure ou architectes, c’est un levier puissant pour créer un pilotage plus fin, plus réactif et plus stratégique.

Votre facture cloud vous semble opaque ? Les équipes Kaliop, transforment cette complexité en clarté. Contactez nos experts pour un premier diagnostic de votre maturité FinOps et découvrez comment un cloud bien piloté peut devenir votre meilleur allié pour l’innovation.

Grégoire Bluzat

Grégoire Bluzat

Responsable opérationnel infrastructure

Responsable opérationnel infrastructure, je pilote et coordonne la mise en œuvre et l'évolution des plateformes cloud en garantissant leur fiabilité, leur performance et leur alignement avec les besoins stratégiques des clients.

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