Numérique responsable

Green IT : les bonnes pratiques pour s’engager durablement

by Emmanuel Valluche 13 septembre 2022

L’éco-conception peut se définir par “une intégration systématique des aspects environnementaux dès la conception et le développement de produits avec pour objectif la réduction des impacts environnementaux négatifs”. Elle doit donc s’inscrire aujourd’hui dans un juste équilibre entre les exigences environnementales, sociales, techniques et économiques.

Dans le domaine du numérique, d’autres mots ont fait leur apparition et définissent l’éco-conception dans le prisme des nouvelles technologies. Il s’agit du “numérique responsable”, ou plus récemment du mouvement “Green IT” se concentrant sur l’aspect écologique. On peut également croiser l’expression “informatique durable”, “sobriété numérique” en France, ou “Green computing” chez les anglophones.

Sommaire

    Aujourd’hui, qu’en est-il du Green IT ?

    Les origines du Green IT

    En 1992 aux États-Unis, l’Environmental Protection Agency crée le label Energy Star qui reconnaît et promeut la réduction de la consommation énergétique sur des équipements électroniques et diverses technologies. C’est grâce à la création de ce label que certaines actions et réglementations ont vu le jour, à l’image du “mode veille” permettant un ralentissement de la consommation énergétique par les devices non utilisés. L’organisation suédoise TCO lance peu de temps après le programme certifié TCO qui agit en faveur d’une réduction des émissions d’ondes pour les équipements électroniques de grande consommation. Plus tard, le programme s’agrandit et les problématiques de consommation énergétique, d’ergonomie et de contrôle de la matière première sont introduites.

    Développement et utilisation de protocoles radio (Wifi, Bluetooth, LoRa…) servant entre autres à l’IoT, demande de plus en plus pressante de communication à distance, développement et optimisation d’un Internet de plus en plus rapide… À l’augmentation de ces exigences s’ajoutent la production plus intense de devices, qu’il faut pouvoir produire de façon éthique, éco-responsable et dans une démarche écologique qui vise à l’utilisation de produits recyclables (voire biodégradables). Le numérique responsable s’applique aux entreprises de toutes tailles et de toutes sortes tant qu’elles sont connectées au secteur des nouvelles technologies : des agences web et marketing aux datas centers, des usines de production aux bureaux d’études. Mais plus généralement, une approche responsable doit se retrouver dans les départements IT de toutes les entreprises.

    Quel est l’impact actuel du secteur numérique ?

    Alors que la planète se mobilise pour régler une crise climatique à grande échelle, le numérique semble peser lourd dans la balance. Aujourd’hui, on ne compte pas moins de 34 milliards d’équipements informatiques (dont 3,5 milliards de smartphones), 1,1 milliards de box dsl/fibre en plus des 210 millions d’équipements réseaux (antennes relais, wan, lan…), et 67 millions de serveurs hébergés. Ces nombres grandissent de façon exponentielle chaque jour.

    Mais ces chiffres reflètent une réalité plus palpable. En effet, le secteur du numérique représente 4,2% de la consommation mondiale d’énergie primaire, 3,8% des émissions de gaz à effet de serre, 0,2% de la consommation d’eau et enfin 5,6% de la consommation d’électricité. En France, le numérique représente l’équivalent de 2,5% de l’empreinte carbone nationale.

    *Source : “Empreinte environnementale du numérique mondial “- greenit.fr / Frederique Bordage

    Des solutions à grande échelle

    Pour réduire son impact, le secteur doit agir sur trois éléments prépondérants. Il s’agit tout d’abord du matériel en favorisant l’augmentation de la durée de vie des équipements en menant une action de sensibilisation des utilisateurs à grande échelle et sur le long terme. Une autre cible déterminante sont les réseaux avec une optique générale de réduction de la quantité des données transmises grâce à la diminution du nombre de requêtes et du volume des données échangées. Les datas centers doivent également être une priorité : les besoins en énergie des serveurs doivent être temporisés et ramenés à une échelle plus sobre en termes de ressources environnementales. Cela passe aussi par la conception responsable de services numériques qui a son rôle à jouer sur l’ensemble des facteurs.

    Quelles solutions à notre échelle ?

    Penser un nouveau cycle produit

    Tout comme un bien matériel, un produit numérique a son propre impact environnemental. Et ce dans toutes les étapes de son existence : dans sa conception, son design, son développement, son déploiement, sa maintenance et ses mises à jour. Pour créer son produit digital, il est impératif aujourd’hui d’adopter une démarche de sobriété, c’est-à-dire adapter tout le cycle de vie du produit pour le rendre moins vorace en ressources et en énergie.

    Pour intégrer l’éco-conception à sa stratégie produit, il faut tout d’abord mobiliser l’ensemble des parties prenantes (investisseur, Product Owner, Designer, architecte technique…) autour de la vision de Green IT. Pour cela, il convient de former une équipe d’experts qui garantissent à la fois le respect de la nouvelle politique de numérique responsable et le niveau de qualité du produit. Après avoir sensibilisé et responsabilisé l’intégralité des équipes sur cette nouvelle valeur de la stratégie produit, il faut choisir un référentiel qui aidera à indiquer une direction dans la marche à suivre. Enfin, il faut mesurer l’impact environnemental global afin d’évaluer le résultat des actions menées et de la stratégie mise en œuvre, et ainsi s’orienter vers une démarche d’amélioration continue. 

    Pour aller plus loin

    Comment intégrer l’éco-conception à son produit digital

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    Recentrer et repenser sa Stack

    Le cœur même d’un service numérique, soit son principal usage, est désigné par les termes d’unité fonctionnelle. Pour adopter une démarche numérique responsable, la vision du logiciel doit se recentrer sur cette unité en quantifiant précisément le besoin grâce à une analyse du comportement et des habitudes des utilisateurs, pour éliminer les fonctionnalités non-essentielles. Pour cela, adopter une approche mobile-first lorsque cela est possible aide à atteindre ces objectifs. Avec une connexion réduite et une résolution d’écran au format mobile, le mobile-first force une optimisation des médias en réduisant le nombre d’éléments visibles par page.

    Le temps passé sur un site ou un service en ligne par l’utilisateur a un impact déterminant sur l’empreinte carbone. C’est pour cela qu’il est essentiel de se pencher sur le parcours utilisateur et de l’optimiser au maximum. Des exemples ? Utiliser la navigation rapide, créer une page d’accueil personnalisable, limiter les interruptions et tout simplement fluidifier et simplifier l’accès à l’information. Adopter un design sobre joue un rôle très important dans l’optimisation du parcours utilisateur, et permet une réduction de la quantité de données transmises. Par exemple, en favorisant la génération de contenus statiques, en évitant les animations JavaScript et CSS, en utilisant les polices standards plus rapides à charger, en optimisant les formats d’image , ou encore en évitant les interruptions et les effets. Plus la navigation est rapide et fluide, plus le service développé se rapproche de la sobriété numérique.

    Travailler sur la longévité de son équipement

    La barre des 57,4 millions de tonnes de déchets électroniques (DEEE) a été dépassée, et l’ONU est loin d’être optimiste. Si des efforts sont fournis à l’échelle mondiale pour la mise en place d’un recyclage à grande échelle, le numérique semble être le parent pauvre des actions mises en œuvre. Alors que de nouveaux produits électroniques apparaissent tous les jours et viennent remplacer les anciens, ceux-ci trouvent difficilement une place dans la machinerie de la collecte et du recyclage. Il y a deux ans, seuls 17,4% des DEEE (ordinateurs, portables, batteries, électroménager…) ont été confiés à un organisme agréé. Si l’ONU pousse le recyclage obligatoire dans ses États membres, l’objectif en termes de recyclage des déchets électroniques semble assez désuet : seulement 30% d’ici l’année prochaine, alors que l’on estime la quantité de DEEE à 74 millions de tonnes en 2030.

    Mais avant d’atteindre l’étape du recyclage, des actions peuvent être mises en place pour allonger la durée de vie de nos équipements. Tout d’abord, certaines entreprises, à l’image de DELL, proposent un on-site support et un service de réparation compris dans le prix d’achat de l’appareil. En proposant ce service, les entreprises permettent aux consommateurs de conserver leur équipement sans être découragés par les prix souvent très élevés des réparateurs indépendants. Encouragé par les organismes et particuliers conscient des problèmes environnementaux mais se heurtant aux grandes entreprises soucieuses de conserver leurs ventes annuelles, le Right to Repair (Droit à la réparation) fait débat. Alors que beaucoup d’équipements électroménagers ne fournissent pas les documents nécessaires à la réparation et que la plupart des téléphones mobiles ne permettent même pas de changer la batterie, le Right to Repair tend à être une solution idéale en termes de longévité. Certains constructeurs commencent à ouvrir des possibilités de réparation de leurs équipements, et certaines entreprises développent même entièrement leurs produits avec la possibilité de changer les pièces de façon autonome, à l’image de l’entreprise Fairphone spécialisée dans les téléphones mobiles, ou Framework dans les ordinateurs portables. Dans l’IoT, le développement des technologies de basse consommation (LoRa, LTE-M, NB-IoT…) permet l’allongement de la durée de vie des batteries, comme l’Energy Harvesting, soit l’alimentation du capteur de façon autonome grâce à la récupération de l’énergie ambiante (solaire, cinétique…). Et si le contexte actuel de pénurie de composants électroniques chamboule le secteur et pose des freins à bien des entreprises, elle entraîne un mouvement de rationalisation des ressources qui promet par la suite des économies importantes. 

    Un hébergement responsable

    L’hébergement et la multiplication des datacenters est un enjeu de taille. Les efforts d’allongement du cycle de vie des serveurs, leur proximité, ainsi que l’exploitation des énergies vertes ne sont pas suffisants. Heureusement, d’autres technologies se sont développées à l’image des solutions SAAS ou de l’hébergement On Demand. Dans ce nouveau système, l’ordinateur ou l’instance centrale qui était autrefois dédié à une entreprise se transforme en service. Les ressources attribuées s’adaptent automatiquement aux besoins en temps réel et de façon automatique. Lorsque les besoins de l’entreprise baissent, ces ressources sont attribuées à d’autres entreprises qui utilisent le même service. 

    Plus récemment, le développement de l’architecture serverless apporte une solution intéressante mais plus difficile à mettre en place. Dans ce système, la stack technique ne suit plus le concept de “machine centrale” sur lequel l’OS tourne. Celle-ci se construit en combinant différents services et petits logiciels qui font le lien entre les connecteurs.

    Formation, législation, accréditation : engagez votre entreprise dans l’éco-transition

    Intégrer la communauté

    Sur la scène publique, l’institut du Numérique responsable, en partenariat avec le Ministère de la Transition Écologique, a créé le label Numérique Responsable. En 2021, ce label est remis au goût du jour et entièrement reformé pour accompagner les organisations dans leur transition. Il se destine à la fois aux ESN (Entreprises de Services du Numérique) et aux collectivités.

    Le collectif Green IT regroupe des acteurs qui s’engagent dans une démarche responsable et durable des services numériques. Entreprises privées, institutions publiques et experts se regroupent et portent des valeurs encourageant une prise de responsabilité des acteurs du secteur, une meilleure transparence et davantage de diversité. Le collectif Green IT propose une formation et une certification qui atteste du niveau de maîtrise de la méthodologie et des bonnes pratiques. Nous sommes d’ailleurs plusieurs chez Kaliop a avoir suivi certte formation et obtenu la certification. Mais intégrer le collectif, c’est également la possibilité de rencontrer des entreprises partageant les mêmes valeurs, et faire partie d’une communauté engagée dans une démarche de sobriété et consciente des enjeux de l’éco-conception.

    Une législation en plein développement

    En France, un certain nombre de mesures existent déjà pour contrôler l’empreinte environnementale du numérique. Parmi elles, la Lutte contre l’obsolescence programmée datant de 2015 qui empêche la mise sur le marché d’un produit dont la durée de vie a été délibérément réduite pour augmenter le taux de remplacement. En 2020, la loi AGEC lutte contre le gaspillage et favorise la réparation et l’économie circulaire. L’AGEC oblige les constructeurs à communiquer les qualités et caractéristiques environnementales des produits, soit la réparabilité et la durabilité, l’incorporation de matière recyclée, la recyclabilité, la présence de métaux précieux ou de substances dangereuses, ou encore l’emploi de ressources renouvelables. Depuis janvier 2021, un indice de réparabilité est affiché sur certains produits électriques et électroniques de consommation courante, la garantie légale est rallongée et une obligation de mise à disposition de pièces détachées pendant au moins 5 ans est mise en place. Depuis janvier 2022, les fournisseurs d’accès internet doivent informer leurs abonnés de la quantité de données consommées et indiquer l’équivalent des émissions de gaz à effet de serre. 

    En novembre 2021, la loi REEN qui vise à réduire l’empreinte environnementale du numérique en France est instaurée. Elle s’articule autour de 5 objectifs : faire prendre conscience de l’impact environnemental du numérique, limiter le renouvellement des appareils numériques (en favorisant le rallongement de la durée de vie des produits, le soutien au reconditionnement et la récupération du “stock dormant” de matériels inutilisés), favoriser les usages numériques écologiquement vertueux, promouvoir des datacenters et des réseaux moins énergivores, et enfin promouvoir une stratégie numérique responsable dans les territoires. En effet, à partir de 2025, les communes de plus de 50 000 habitants devront élaborer une stratégie numérique responsable. 

    Pour se former au numérique responsable, de nombreuses aides sont disponibles au niveau étatique comme chez des organismes privés. Chez Kaliop, des experts peuvent vous orienter dans votre démarche d’éco-conception et vous accompagner dans votre projet. Visitez notre site internet pour découvrir nos services et prenez contact avec notre équipe. 

    Emmanuel Valluche

    Emmanuel Valluche

    Directeur Conseil

    Avec plus de 20 ans d'expérience dans le numérique et avec une forte dimension de conseil, j'accompagne mes clients dans la conception et la mise en place de projets stratégiques, dans une démarche éco-responsable.

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